La Côte d’Ivoire a adopté une stratégie novatrice consistant à confier à la société civile les clés de l’inclusion scolaire, dans un contexte où près de 2,5 millions d’enfants ivoiriens restent encore exclus du système éducatif selon l’UNESCO.
Le Réseau ivoirien pour la promotion de l’Éducation pour tous (RIP-EPT) a lancé, mardi 12 août 2025, à Yamoussoukro, une vaste opération de formation qui pourrait redéfinir l’accès à l’éducation dans le pays.
L’atelier organisé dans la capitale politique répond à une urgence sociale. En effet, en Côte d’Ivoire, près de 40% de filles enceintes abandonnent définitivement leurs études, créant un cercle vicieux de pauvreté et d’inégalités. “L’éducation doit être un droit accessible à tous”, a martelé Mme Zogba Odile, rappelant que toute exclusion prive le pays d’un potentiel humain considérable.
La Stratégie nationale de réintégration des filles enceintes et mères (SNREF), au cœur de cette formation, vise à transformer cette réalité. Mais son succès dépend largement de l’appropriation par les acteurs de terrain.
“La synergie de toutes ces réflexions permettra à notre école d’atteindre la transformation qualitative souhaitée”, a affirmé le secrétaire général coordonnateur de la DRENA, Koua N’gouandi. Cette déclaration illustre un changement de paradigme selon lequel l’État ivoirien reconnaît désormais que l’inclusion scolaire ne peut se faire sans une mobilisation communautaire.
Les témoignages de M. Kouacou Roger (ONG Hanhimanti) et de M. Tano Camille (ONPHACI) révèlent l’ampleur du défi. Au-delà des grossesses précoces, ce sont les handicaps, la pauvreté, les pesanteurs culturelles et l’éloignement géographique qui maintiennent des milliers d’enfants loin des bancs de l’école.
Cette approche participative place la Côte d’Ivoire à l’avant-garde des politiques éducatives inclusives en Afrique subsaharienne. En formant directement les ONG, associations et leaders communautaires aux stratégies nationales, le pays mise sur une transformation en profondeur plutôt que sur des mesures superficielles.
“C’est un levier important pour améliorer la qualité et l’équité de l’éducation”, a souligné le représentant du maire, Konaté Karamoko, conscient que les collectivités locales jouent un rôle déterminant dans cette révolution silencieuse.
L’engagement du ministère semble ferme. Représentant la direction de l’Education et de l’Enseignement général (DEEG), Krouma Mamadou, promet que “des ressources et des formations seront mises à disposition pour créer un environnement inclusif”. Une promesse cruciale dans un contexte budgétaire contraint.
Le défi est de transformer les mentalités, adapter les infrastructures, former les enseignants et convaincre les communautés. Mais l’initiative de Yamoussoukro pourrait bien marquer un tournant historique vers une école ivoirienne véritablement ouverte à tous.
Avec plus de 60% de sa population âgée de moins de 25 ans, la Côte d’Ivoire ne peut se permettre de laisser une partie de sa jeunesse sur le bord du chemin. L’inclusion scolaire n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est un impératif économique pour un pays qui ambitionne l’émergence à l’horizon 2030.
Cette session de formation marque ainsi bien plus qu’une simple sensibilisation : elle pourrait être le point de départ d’une transformation profonde du système éducatif ivoirien, plaçant enfin l’enfant, quel qu’il soit, au cœur des priorités nationales.
Source : AIP
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