Confrontée à l’instabilité croissante du climat et à la vulnérabilité structurelle de son agriculture, la Côte d’Ivoire engage un tournant décisif en s’appropriant un outil agro-climatique de référence internationale. Le pays entend ainsi transformer l’incertitude climatique en levier d’anticipation, de résilience et de souveraineté alimentaire durable.
C’est dans cette perspective que l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) à travers son Pôle Scientifique et d’Innovation (PSI), sis à Bingerville accueille, du 15 au 19 décembre 2025, un atelier scientifique de haut niveau consacré au modèle CGMS-WOFOST, un dispositif de pointe dédié à la surveillance et à la prévision des rendements agricoles, reconnu sur la scène internationale.
Organisée au sein du Centre ouest-africain de services scientifiques sur le changement climatique (WASCAL), cette rencontre réunit chercheurs, ingénieurs et cadres techniques autour d’un objectif central : renforcer les capacités nationales en modélisation agro-climatique et en aide à la décision agricole. L’initiative est portée par le pôle de simulation numérique Agriculture du Centre National de Calcul de Côte d’Ivoire (CNCCI), en partenariat avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), la SODEXAM et le Centre de Valorisation de Bioressources de Korhogo.
À l’ouverture des travaux, le Prof. KOUASSI Édouard, Directeur de WASCAL et représentant le Président de l’UFHB, le Prof. BALLO Zié, a souligné la responsabilité du monde académique face aux défis climatiques contemporains. « Notre mission est de former. Et chaque fois que cela touche au changement climatique, nous nous en réjouissons, car cela contribue à bâtir un véritable écosystème de résilience », a-t-il déclaré.

Le Directeur Général du CNCCI, Dr KOUASSI Benjamin, a réaffirmé l’engagement de son institution à accompagner durablement cette dynamique scientifique. « Le CNCCI est pleinement mobilisé pour soutenir la mise en place d’un futur service national de plateforme agricole, en mettant à disposition les données et les capacités de calcul indispensables au développement de services agricoles performants », a-t-il assuré.

Représentant la Direction Générale de la SODEXAM, BLE Patrick Landry, au nom de Jean-Louis MOULOT, a mis en lumière l’importance indéniable de cette formation pour les services météorologiques nationaux. « Cette initiative renforce significativement les compétences techniques de nos agents et favorise l’émergence de produits climatiques à forte valeur ajoutée, directement orientés vers la sécurité alimentaire », a-t-il indiqué.
S’exprimant au nom du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Prof. Adama DIAWARA, et du Directeur Général de la Recherche et de l’Innovation, le Prof. KONE Tidiani, le Prof. BAMBA Aboudramane, Directeur de la Recherche, a salué une avancée structurante pour l’avenir du secteur agricole ivoirien. « Les outils de modélisation agro-climatique comme CGMS-WOFOST permettent d’anticiper les impacts du climat, d’améliorer la prévision des rendements et de soutenir des décisions éclairées au bénéfice des producteurs, des techniciens et des décideurs publics », a-t-il affirmé.

La formation est animée par ALAOURI Meriem, Cheffe du Centre National du Climat à la Direction Générale de la Météorologie du Maroc, et WANDAN Eboua Narcisse, expert de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny. Leur contribution illustre la dimension internationale et collaborative de l’initiative, fondée sur le partage d’expériences éprouvées et l’adaptation de solutions scientifiques aux réalités locales.
Déjà opérationnel dans plusieurs pays, notamment au Maroc, le modèle CGMS-WOFOST s’est imposé comme une référence pour le suivi de la croissance des cultures. Fondé sur l’intégration fine de données climatiques, agronomiques et pédologiques, il permet de simuler le développement des cultures, d’estimer les rendements et d’anticiper les impacts des variations climatiques sur la production agricole.

Pour la Côte d’Ivoire, l’enjeu dépasse le simple transfert technologique. L’appropriation de cet outil ouvre la voie à une gestion plus rigoureuse des risques climatiques, à une planification agricole fondée sur des projections fiables et à un renforcement substantiel de l’appui à la décision publique.
À terme, l’ambition est d’en faire un pilier de l’agriculture intelligente face au climat, capable de soutenir une production plus prévisible, plus résilience et durable.
Source : ufhbci

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