L’Organisation des Nations unies (ONU), à travers le bureau européen de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), appelle les États à mettre en place des garanties juridiques solides pour accompagner l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur de la santé, selon un rapport publié récemment.
L’OMS-Europe avertit que si l’IA transforme déjà les systèmes de santé – notamment en facilitant le dépistage des maladies, en réduisant les charges administratives et en améliorant la communication avec les patients –, les protections légales pour les professionnels et les usagers restent largement insuffisantes.
« Sans stratégies claires, sans protection des données, sans cadre juridique et sans investissement dans la formation à l’IA, nous risquons d’aggraver les inégalités », a alerté le directeur régional de l’OMS pour l’Europe, Dr Hans Kluge.
Ce rapport constitue la première évaluation complète de l’usage et de la réglementation de l’IA dans les systèmes de santé de la région. Sur les 53 pays consultés, 50 ont répondu. Si la majorité reconnaît le potentiel transformateur de l’IA — du diagnostic au suivi des maladies en passant par la médecine personnalisée — seuls quatre pays disposent d’une stratégie nationale dédiée, tandis que sept autres sont en phase d’élaboration.
L’Estonie fait figure de pionnière avec une plateforme unifiée connectant dossiers médicaux, données d’assurance et bases démographiques. La Finlande investit dans la formation à l’IA pour les professionnels de santé, et l’Espagne expérimente des outils d’IA pour la détection précoce de maladies dans les soins primaires.
Toutefois, les avancées technologiques progressent plus vite que la réglementation. Quarante-trois pays (86%) citent l’incertitude juridique comme principal frein à l’adoption de l’IA, et 39 (78%) évoquent le coût financier. Moins de 10% disposent de normes définissant les responsabilités en cas d’erreur liée à l’IA.
Selon le rapport, un consensus se dégage sur la nécessité de règles de responsabilité claires pour les fabricants, déployeurs et utilisateurs, ainsi que de garanties de transparence et de vérifiabilité pour renforcer la confiance du public.
L’OMS recommande aux États d’élaborer des stratégies nationales alignées sur les objectifs de santé publique, d’investir dans des compétences en IA, de renforcer les protections éthiques et juridiques, d’améliorer la gouvernance des données transfrontalières et de maintenir un dialogue avec les populations.
« L’IA est sur le point de révolutionner la santé, mais ses promesses ne se réaliseront que si les patients restent au cœur des décisions », a conclu Dr Kluge cité dans un communiqué publié le mercredi 19 novembre 2025 par ONU.Info.
Source : AIP

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