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Vision des jeunes : L’épidémie silencieuse qui menace une génération

En 2050, un enfant sur deux sera myope. Cette prophétie, loin d’être une fiction, reflète une réalité déjà tangible : en Afrique, 3 à 4 millions d’enfants souffrent de déficience visuelle, dont les deux tiers pourraient être sauvés par une simple paire de lunettes. Derrière ces chiffres vertigineux se cachent des destins brisés, des parcours scolaires compromis, des avenirs hypothéqués. Linda Yao, opticienne au sein du groupe Lapaire, tire la sonnette d’alarme et nous livre les clés pour inverser cette tendance dramatique.

Interview réalisée par Son Désirée Aimée

Mme Yao, quel est l’état actuel de la santé oculaire chez les jeunes en Afrique ?

Linda Yao : Les chiffres sont préoccupants. Selon l’Agence internationale pour la prévention de la cécité (IAPB), 448 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde souffrent d’erreurs de réfraction. Parmi eux, 90 millions vivent avec une perte de vision et deux millions sont aveugles. Plus alarmant encore : nos modes de vie actuels nous mènent vers une véritable épidémie de myopie. D’ici 2050, la moitié de l’humanité pourrait être myope.

En Afrique, l’Organisation mondiale de la santé estime que 3 à 4 millions d’enfants souffrent d’une déficience visuelle sévère. Le paradoxe ? Deux tiers de ces cas pourraient être résolus par une simple paire de lunettes. Le problème n’est donc pas seulement médical, mais aussi socio-économique : accès limité aux professionnels, coût prohibitif des consultations et des équipements. Résultat : des millions d’enfants grandissent avec une vision défaillante, hypothéquant leur développement et leur avenir.

Concrètement, qu’entend-on par “défaut visuel” ?

Linda Yao : Un défaut visuel empêche de voir clairement. Nous en distinguons quatre principaux : la myopie, qui brouille la vision de loin ; l’hypermétropie, qui complique la vision rapprochée ; l’astigmatisme, qui déforme les images ; et la presbytie, cette difficulté à voir de près qui survient généralement après 40 ans.

Il faut distinguer ces défauts des maladies oculaires proprement dites, qui altèrent la structure même de l’œil. Ces pathologies – conjonctivite, cataracte, glaucome, strabisme – peuvent survenir à tout âge et nécessitent une prise en charge spécialisée.

Pourquoi les jeunes sont-ils particulièrement vulnérables ?

Linda Yao : L’œil humain n’atteint sa pleine maturité qu’entre 20 et 25 ans. Durant cette longue période de développement, de nombreux facteurs peuvent influencer la vision : prédisposition génétique, habitudes alimentaires, surexposition aux écrans, manque de lumière naturelle…

C’est pourquoi les contrôles précoces sont cruciaux. Dès l’âge d’un an, un examen par un ophtalmologue ou un pédiatre peut détecter d’éventuels problèmes, même chez un enfant qui ne parle pas encore. Ensuite, un suivi annuel ou bisannuel s’impose.

L’école constitue-t-elle un moment charnière ?

Linda Yao : Absolument. L’entrée en classe primaire marque un tournant : l’enfant sollicite intensivement sa vision pour lire, écrire, observer le tableau, participer aux activités sportives. Un trouble visuel non détecté à ce stade peut avoir des répercussions dramatiques sur sa scolarité.

Imaginez un élève myope qui n’arrive pas à déchiffrer les consignes au tableau, ou un enfant astigmate qui peine à suivre les lignes dans son cahier. Ces difficultés génèrent fatigue, maux de tête, baisse de concentration, et finalement, perte de confiance en soi. L’enfant peut être étiqueté “en difficulté” alors qu’il suffirait d’une paire de lunettes pour résoudre le problème.

Quels signes doivent alerter les parents ?

Linda Yao : L’observation reste le meilleur outil des parents. Attention si votre enfant plisse constamment les yeux, se frotte régulièrement les paupières, se plaint de maux de tête, présente une sensibilité excessive à la lumière ou des yeux rouges en fin de journée. Méfiez-vous aussi s’il colle excessivement son visage à ses livres ou à l’écran.

Par ailleurs, la prévention passe par une gestion stricte du temps d’écran : zéro écran avant 2 ans, 20 minutes maximum entre 2 et 3 ans, une heure entre 3 et 5 ans, et pas plus de deux heures quotidiennes après 6 ans.

Les lunettes représentent-elles une solution définitive ?

Linda Yao : Soyons clairs : les lunettes ne guérissent pas, elles compensent. Elles permettent de retrouver un confort visuel optimal et d’empêcher l’aggravation du défaut, mais ne le font pas disparaître. C’est pourquoi il est essentiel de les porter régulièrement et d’adapter la correction au fil des années.

Aujourd’hui, les technologies optiques offrent des solutions sur mesure : verres progressifs pour toutes les distances, verres photochromiques qui s’adaptent à la luminosité, filtres anti-lumière bleue pour les utilisateurs d’écrans… Chaque correction est personnalisée selon les besoins spécifiques de chaque patient.

Votre message aux familles qui hésitent encore ?

Linda Yao : Rappelons-nous que 90 % des informations que nous percevons transitent par nos yeux. La vision conditionne l’apprentissage, l’autonomie, l’épanouissement social. Une consultation annuelle, c’est un investissement minimal pour un bénéfice maximal.

Agir tôt, c’est offrir à nos enfants les clés de leur réussite. En leur donnant les moyens de bien voir, nous leur donnons les moyens de bien apprendre, de s’intégrer pleinement dans la société et de construire leur avenir sereinement. La santé oculaire des jeunes n’est pas qu’une préoccupation médicale : c’est un enjeu de développement, un devoir collectif.

Source : AIP

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